Les jeux sont faits : Woolf, Benjamin et le problème du futur dans la chambre de Jacob

Scott McCracken

Résumé


Virginia Woolf et Walter Benjamin se sont tous les deux intéressés à la question des temporalités propres à la modernité. Cet article se propose de lire un des premiers romans de Woolf, Jacob's Room, publié en 1922, à la lumière de fragments de Benjamin (pour la plupart non publiés de son vivant) sur le jeu. L'article pose comme postulat que pour Woolf et Benjamin l'appréhension du temps fut conditionnée par l'expérience de la défaite. Chacun d'eux explore des manières de penser le temps qui transforment l'état d'esprit lié à la défaite en autre chose. Pour tous les deux, cela implique de prendre en compte la façon dont l'expérience de la défaite pèse sur la pensée de l'à venir. Et tous les deux recherchèrent des formes d'écriture afin que le futur puisse à nouveau s'ouvrir en tant que possibilité. Dans "Notes pour une théorie du jeu", Benjamin avance que le joueur retarde jusqu'au tout dernier moment l'engagement de son pari, puisque jusqu'au tout dernier moment où les jeux sont faits, tous les futurs restent ouverts. Dans Jacob's Room, Woolf adopte une stratégie semblable, en revenant sur les moments dans la vie de Jacob où les choses auraient pu être différentes, sur les tout derniers moments possibles, quand pouvait être encore évité, ce qui sinon semble être une marche inexorable vers la guerre et la mort de Jacob. Le concept de jeu dans le roman de Woolf, incluant la guerre comme le plus grand des paris, ouvre la possibilité d'autres futurs enfouis dans le passé.

Mots-clés


Modernisme; Woolf, Virginia; Benjamin, Walter; La Chambre de Jacob; Pari; Futur

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