“Relevancy” and Its Vagaries in Edgar Allan Poe’s “The Raven”

Axel Nesme

Résumé


La présente étude part d’une double observation. Dans « La Philosophie de la Composition » Poe explique que le refrain « nevermore » s’est adressé à lui plus qu’il n’a résulté d’un choix conscient. L’intrigue du « Corbeau », quant à elle,  se résume à un changement d’adresse des « rives plutoniennes de la Nuit » jusqu’au « pâle buste de Pallas au-dessus de la porte de ma chambre ». L’énonciateur, qui se décrit œuvrant à rétablir la trajectoire interrompue des signifiants éteints, ignore pourtant le message que lui signifie son visiteur du lieu de l’Autre comme automaton ou « prophète », c’est-à-dire comme celui qui parle pour le sujet du lieu d’un savoir inconscient dont la vérité reste en souffrance. Si la dénégation est bien au fondement de la surdité de l’énonciateur face aux vocalises du corbeau qui réitèrent son désir de perpétuer la mort du désir en élisant domicile dans les limbes de la mélancolie, la notion d’adresse s’avère particulièrement féconde pour rendre compte de la dynamique du poème. Tel le réel lacanien, les coassements du corbeau reviennent toujours à la même place, quoique sous des dehors différents. En tant qu’objets substitués au signifiant-maître, ils ne sont que fragments de voix qui, n’émanant de personne—ou d’aucun sujet conscient—sont également (in-)adéquats à tous les énoncés. « Nevermore » n’en est pas moins aussi un signifiant infiniment malléable, dont les répétitions comblent peu à peu la béance qui sépare un savoir sans adresse d’une vérité toujours plus « pertinente » au sujet, fût-ce au prix d’un changement d’adresse lorsque le corbeau supplante la chouette d’Athéna sur le « pâle buste de Pallas », et que dans le même temps, l’allégorie de la perte détrône celle du savoir.

This paper takes its cue from “The Philosophy of Composition,” where Poe tells us that the refrain “nevermore” addressed itself  to him much more that he consciously chose it, and from the observation that the plot of “The Raven” involves a change of address from “the Night's Plutonian shore” to “the pallid bust of Pallas just above my chamber door.” While the speaker poses as one who restores those extinct signifiers’ broken trajectory, he nonetheless ignores the message conveyed to him by his visitor from the locus of the Other as automaton or “pro-phet,” i.e., one who addresses and speaks for the subject from the locus of unconscious knowledge unacknowledged as truth. Insofar as denial underlies the speaker’s deafness to the raven’s voicing of his wish to perpetuate the death of desire by electing the limbo of melancholy as his permanent residence, the notion of address yields particular insight into the dynamics of Poe’s poem. Like the Lacanian real, the raven’s croakings always return to the same place, though in different guises. As objects substituted for an arch-signifier, they are pure vocal fragments, which, being addressed by no one—i.e., by no self-aware subject—address all utterances with equal (ir-)relevance. Yet “nevermore” is also an infinitely pliable signifier whose reiterations bring the subject closer to bridging the gap between un-addressed knowledge and a truth which bears added “relevancy,” be it at the cost of a forced change of address when the raven supersedes Athena’s owl on “the pallid bust of Pallas” and the allegory of loss simultaneously dethrones the allegory of knowledge.


Mots-clés


Poe, Edgar Allan; The Raven; Adresse; Deuil; Mélancolie; Répétition; Pulsion de Mort

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